Mutilations génitales féminines (MGF) : comprendre, agir et briser le cycle

Les mutilations génitales féminines (MGF) concernent plus de 200 millions de filles et de femmes dans le monde. La majorité de ces mutilations sont pratiquées entre la petite enfance et l’adolescence. Chaque année, dans le monde, 3 millions de petites filles risquent encore de subir une MGF.

Derrière ces chiffres vertigineux se cachent des souffrances, des vies marquées à jamais et un silence trop longtemps imposé.

En parler, c’est lever le voile sur une violence invisible, souvent taboue, et comprendre comment nous pouvons briser ce cycle transmis de génération en génération.

Définition et types de mutilations génitales féminines

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les MGF regroupent toutes les procédures qui impliquent l’ablation totale ou partielle des organes génitaux externes féminins, ou toute autre lésion, pour des raisons non médicales.

On distingue plusieurs types :

  • Clitoridectomie : ablation partielle ou totale du clitoris.
  • Excision : ablation du clitoris et des petites lèvres, parfois des grandes lèvres.
  • Infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par suture, souvent après ablation du clitoris et des lèvres.
  • Autres pratiques : piqûres, scarifications, brûlures ou étirements.

Derrière ces termes se cachent des réalités brutales qui marquent les corps et les vies. Les Nations Unies les reconnaissent comme forme de torture.

Des origines anciennes

Il semblerait que ces pratiques remontent à l’Égypte ancienne, dans la vallée du Nil (Egypte et Soudan actuels).  Des archéologues ont retrouvé un papyrus datant du IIe siècle av. J.-C. ce qui semble être la première référence à l’excision. Au fil des siècles, la pratique des MGF s’est diffusées le long des routes commerciales et grâce au nomadisme, touchant de nombreuses régions d’Afrique. Chaque ethnie y a ajouté ses propres justifications : rites de passage, mariage, honneur familial…

Plus tard, certaines pratiques de mutilations ont aussi existé en Europe et aux États-Unis : dans le courant du XIXe siècle et jusqu’aux années 60, l’ablation du clitoris était parfois pratiquée pour “soigner” l’hystérie, l’épilepsie, la masturbation jugée pathologique, l’homosexualité ou les « troubles mentaux » chez la femme.

Conséquences des mutilations génitales féminines

Toutes les formes de MGF sont préjudiciables à la santé. Elles retirent ou endommagent des tissus génitaux sains, perturbent le fonctionnement naturel du corps… et peuvent même entraîner la mort.

À court terme :

Dans la plupart des cas, les MGF sont réalisées sans anesthésie, avec des instruments non stérilisés, et aucun suivi médical n’y fait suite. Résultat : une douleur extrême (car la zone est très sensible et très innervée) et un choc physique et psychologique. En plus de ces symptômes, nombre sont celles qui souffrent de saignements massifs (hémorragie) de gonflement des tissus et de fièvre.

À long terme :

Tout au long de leur vie, les femmes et filles concernées se retrouvent confrontées à des séquelles, qui affectent leur santé, leur intimité et leur liberté :

  • Infections chroniques pouvant entraîner la stérilité
  • Règles douloureuses, sang bloqué
  • Problèmes urinaires (incontinence, brûlures…)
  • Douleur lors des rapports sexuels, diminution du plaisir
  • Complications graves pendant la grossesse et l’accouchement, potentiellement mortels pour la mère et l’enfant
  • Problème de cicatrisation, cicatrices douloureuses, chéloïdes
  • Troubles psychologiques : dépression, anxiété, stress post-traumatique

Chaque cas nécessite des soins coûteux. Le traitement des complications liées aux MGF coûte 1,2 milliard d’euros par an aux systèmes de santé dans le monde.

Pourquoi ces pratiques perdurent encore ?

On pourrait croire qu’avec de telles conséquences, ces pratiques auraient disparu. Mais elles se perpétuent pour plusieurs raisons :

  • La pression communautaire : les communautés perçoivent les filles non excisées comme impure, indigne de se marier. On mutile les filles par peur du rejet social, pour les « protéger ».
  • Le poids du patriarcat : contrôle du corps et de la sexualité des femmes pour garantir la virginité et la fidélité conjugale.
  • Des justifications culturelles ou religieuses : alors qu’aucune religion ne prescrit les MGF.
  • La médicalisation des MGF : « c’est plus sûr, parce que c’est réalisé par un professionnel de santé »

C’est ainsi qu’une violence se déguise en “tradition” et continue de se transmettre.

La situation en France

Les associations estiment que entre 60 000 et 125 000 femmes excisées vivent actuellement en France.

Elles concernent surtout des filles issues de familles migrantes originaires de pays où ces pratiques sont répandues. Chaque année, des familles résidantes en France envoient des petites filles à l’étranger pendant les vacances pour être mutilées.

En France, les MGF sont interdites et passibles de lourdes peines. Les auteurs ou complices encourent jusqu’à 20 ans de prison si la victime a moins de 15 ans. Le Code pénal prévoit aussi 5 ans d’emprisonnement et 75000€ d’amende pour non-assistance à personne en danger.

Et le droit français s’applique même si l’acte a lieu à l’étranger : du moment que l’enfant vit en France et peut importe sa nationalité, les responsables peuvent être poursuivis.

Briser le cycle : comment faire reculer les MGF ?

Les MGF se transmettent souvent de mère en fille, génération après génération. Les familles les pratiquent par amour, pour « protéger » la jeune fille, mais aussi sous la pression sociale et la peur du rejet. Les mères, elles-mêmes victimes, reproduisent alors ce qu’elles ont subi, persuadées d’agir pour le bien de leur enfant. Ainsi, la violence se déguise en tradition… et se perpétue.

La lutte contre les MGF doit se mener sur plusieurs fronts :

1. Éducation et sensibilisation

  • informer les familles, les filles et les garçons,
  • déconstruire les normes sociales et les idées reçues,
  • permettre aux filles non excisées de ne plus être rejetées.

2. Accompagnement des victimes

  • soins médicaux (chirurgie réparatrice, suivi obstétrical),
  • soutien psychologique,
  • formation du personnel soignant pour éviter les MGF médicalisées.

3. Lois et politiques publiques

  • interdiction et application ferle des lois
  • soutien aux populations, aux associations
  • protection des enfants menacés.

Des raisons d’espérer

carte mutilations génitales féminines

La lutte porte ses fruits. Aujourd’hui, 26 pays d’Afrique et du Moyen-Orient ont inscrites des lois anti-MGF dans leur législation :

  • 10 ont connu de forts progrès ces 30 dernières années,
  • 11 ont montré des avancées notables,
  • seuls 5 stagnent.

Par exemple, au Burkina Faso, depuis 1997, une loi interdit les MGF. À l’époque, 83 % des filles de 13 à 17 ans avaient subi une excision. En 2024, ce chiffre est tombé à 32 %. Des comités locaux parcourent le pays pour informer, dialoguer et accompagner les communautés.

Dans les pays où les MGF sont encore pratiquées, 2 personnes sur 3 souhaitent y mettre fin.

33 autres pays, accueillant des personnes issues de régions qui pratiquent encore les MGF, les interdisent également. Mais ces avancées restent fragiles, en mars 2024, en Gambie, un projet de loi a envisagé de revenir sur l’interdiction des MGF.  Il n’a pas encore été voté, mais le débat est lancé…

👉 Briser le cycle des mutilations génitales féminines est possible

Chaque prise de conscience, chaque discussion, chaque acte de soutien contribue à construire un avenir sans mutilations.

⚠️ Vous êtes en danger

URGENCES : 112

POUR LES PERSONNES SOURDES/MALENTENDANTES : 114

VIOLENCES FEMMES INFO : 3919

ALLÔ ENFANCE EN DANGER : 119

Vous êtes victimes

La France est pionnière dans la prise en charge des MGF et l’Assurance Maladie rembourse les frais chirurgicaux de réparation.

Rapprochez-vous de votre médecin traitant ou d’une association comme la Fédération Nationale Gams, l’association Excision parlons-en ! et l’Association Les orchidées rouges, des femmes libres.

Des ressources sur les mutilations génitales féminines

Nous parlons des mutilations génitales féminines dans le tome 4 des Petits Illustrés de l’intimité, pour amorcer la discussion avec les ados.

N’hésitez pas à consulter notre book club Ados sur le sujet disponible sur Instagram.

Ainsi que notre post ressources pour les adultes, avec des livres, des films et documentaires, des podcasts…