Asexualité : mieux comprendre, mieux accompagner les ados qui se questionnent
Dans nos échanges avec les familles, les professionnel·les et les adolescent·es, un sujet revient de plus en plus souvent : l’asexualité. Peu représentée dans les médias, encore entourée de préjugés, elle reste difficile à aborder pour beaucoup de jeunes qui s’interrogent… et pour les adultes qui les accompagnent.
C’est pourquoi nous avons créé un cycle de contenus dédié à ce sujet sur notre compte Instagram. Ce billet de blog reprend l’essentiel de ces publications, les complète, et offre des ressources utiles pour mieux comprendre l’asexualité et mieux accompagner les ados concerné·es.
Pourquoi en parler ?
Trop de jeunes grandissent avec une seule version de la « norme amoureuse et sexuelle » : « Un jour, tu tomberas amoureux·se et tu feras l’amour ». Et si ce scénario ne leur correspondait pas ?
Si l’asexualité reste méconnue, voire invisibilisée, de plus en plus d’adolescent·es s’y reconnaissent ou s’interrogent. Mettre des mots sur son ressenti, comprendre qu’on n’est pas seul·e, être entouré·e sans jugement : tout cela est essentiel. Ne pas en parler, c’est exposer les jeunes au doute, à la honte ou à des pressions à « rentrer dans la norme ».
En parler tôt, c’est offrir aux ados plus de confiance en elleux, une meilleure santé mentale, des repères pour s’orienter sans pression. En bref, un monde plus doux pour tous.
L’asexualité, c’est quoi exactement ?
Une personne asexuelle ne ressent pas ou très peu d’attirance sexuelle envers les autres. Elle peut ressentir de l’amour, de l’attirance romantique, du désir de contact, de la tendresse… ou non. Ce n’est ni un trouble, ni un traumatisme : c’est une orientation sexuelle à part entière.
Comme pour toutes les orientations, il n’y a pas UNE seule manière d’être asexuelle. Le mot « asexualité » regroupe plusieurs réalités, ressentis, expériences. Comme par exemple, la demisexalité, la graysexualité, etc. On parle donc souvent de spectre asexuel pour englober toutes ses nuances comme :
- Graysexualité : ressentir rarement de l’attirance sexuelle, ou dans des conditions très spécifiques
- Démisexualité : ressentir de l’attirance seulement après qu’un lien affectif fort se soit développé.
Et l’amour dans tout ça? On peut tomber amoureux.se sans ressentir d’attirance sexuelle pour quelqu’un. C’est ce qu’on appelle l’orientation romantique. Dans certains contextes, les personnes asexuelles peuvent même avoir une vie sexuelle. Ce qui compte : leur consentement et leur choix personnel.
A son inverse, l’allosexualité est le fait de ressentir une attirance sexuelle plus fréquemment.
Attention, ll ne faut pas confondre l’asexualité avec l’abstinence. L’abstinence est un choix personnel, l’asexualité est une orientation. Contrairement aux abstinents qui se privent de relations sexuelles, une personne asexuelle ne se prive de rien car iels n’ont simplement pas d’envies. L’asexualité n’est pas une règle : c’est une façon de ressentir (ou pas) de l’attirance sexuelle.
Ce n’est pas non plus, une baisse de libido. La libido, c’est le désir sexuel en tant qu’envie physique. Elle peut varier tout au long de la vie et diffère d’une personne à l’autre. Alors que l’asexualité est un état durable.
Des chiffres qui parlent
L’asexualité est bien plus répandue qu’on ne l’imagine.
Ces chiffres montrent une réalité souvent passée sous silence, alors qu’elle concerne un nombre croissant de jeunes.
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Et l’aromantisme dans tout ça ?
Il faut faire la différence entre l’attirance romantique (envie d’être en couple, amoureusement engagée) et l’attirance sexuelle. Certaines personnes ne ressentent pas d’attirance romantique . On appelle aromantiques les personnes qui ne ressentent pas, ou alors très peu, d’attirance romantique envers d’autres personnes. Elles peuvent avoir des relations profondes avec les autres, mais n’ont pas envie d’être en couple.
Parfois, elle est liée à l’asexualité, mais pas toujours. On peut être asexuel·le et très romantique… ou aromantique et hypersexuel·le. Les deux orientations sont différentes… même si elles sont souvent invisibilisées ensemble.
Comme l’asexualité, l’aromantisme est un spectre. Il existe aussi des identités comme : grayromantique, demiromantique, lithromantique…
L’opposé de l’aromantisme est appelé alloromantisme.
Ce qui compte : comprendre les différentes facettes des attirances humaines, et ne pas plaquer de normes.
Idées fausses à déconstruire sur l’asexualité
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Comment accompagner un·e ado qui se questionne ?
L’essentiel à ne pas oublier : Ce n’est ni une crise, ni un caprice, ni une « phase » à éteindre. C’est un moment-clé où votre posture peut tout changer.
Ce qu’un.e ado attend
- ÊTRE ÉCOUTÉ•E SANS INTERRUPTION
Ne cherchez pas à corriger ou à rassurer trop vite.
Juste écoutez vraiment ce qu’iel dit. - NE PAS ÊTRE JUGÉ•E.
Ses ressentis ne sont ni absurdes, ni exagérés, ni « anormaux ».
Validez ce qu’iel ressent, même si c’est nouveau pour vous. -
NE PAS ÊTRE VU•E COMME UN•E PATIENT•E.
L’asexualité n’est pas une pathologie. Ce n’est pas parce qu’une jeune ne ressent pas d’attirance sexuelle qu’iel est en souffrance ou en danger. -
SE SENTIR ACCOMPAGNÉE, PAS « PRISE EN CHARGE ».
Ce n’est pas à vous d’avoir toutes les réponses. Mais vous pouvez être une présence solide, bienveillante et ouverte.
Et si l’ado doute ? C’est OK de ne pas tout savoir tout de suite. L’identité peut évoluer… On peut se dire asexuelle, puis changer – ou pas. C’est normal.
Nous avons préparé un mini test introspectif, sans jugement ni diagnostic, pour les ados qui s’interrogent sur leur ressenti.
Ressources pour aller plus loin sur l’asexualité pour les ados
Aussi, Le Petit Illustré de l’intimité T4 ne traite pas directement de l’asexualité, mais il offre aux adolescent·es des bases solides pour mieux comprendre leur corps, leurs émotions et les différentes formes de relations. Un socle précieux pour accompagner les questionnements identitaires en douceur et sans tabou.
Ressources pour aller plus loin sur l’asexualité pour les adultes
Pour conclure
L’asexualité n’est ni rare, ni anormale. Parler de ce spectre, c’est offrir aux jeunes des repères, des ressources, et surtout : un espace sécurisant pour être pleinement soi.
Retrouvez l’ensemble de notre cycle de posts sur Instagram @lespetitsillustrés