Prévenir et repérer les violences sexuelles envers les enfants
Chaque jour, des enfants subissent en silence des violences sexuelles. Ces agressions détruisent leur sentiment de sécurité, brisent leur confiance et marquent durablement leur vie. Pourtant, nous avons un pouvoir immense : celui de prévenir, de détecter et d’agir. Prévenir les violences sexuelles, c’est donner aux enfants les clés pour se protéger. Les repérer, c’est leur offrir une chance d’être secourus à temps.
Prévenir les violences : ce que les enfants doivent savoir
La prévention commence dès le plus jeune âge. En éduquant les enfants avec des mots simples et clairs, nous leur donnons des outils de protection puissants.
- Reconnaître et exprimer ses émotions : un enfant doit apprendre à dire quand quelque chose lui fait plaisir ou, au contraire, le met mal à l’aise.
- Connaître son corps avec les vrais mots : utiliser les termes exacts pour nommer chaque partie du corps, sans tabou ni honte, permet à l’enfant de se sentir légitime et de se faire comprendre.
- Comprendre le respect et le consentement : chaque enfant doit savoir qu’il a le droit de dire non et que ses limites doivent toujours être respectées.
- Savoir ce que sont les violences sexuelles : identifier les situations à risque, comprendre ce qui est interdit et savoir qu’il faut en parler.
- Différencier les bons et les mauvais secrets : une surprise est un bon secret, mais un secret qui rend mal à l’aise, qui inquiète ou qui est imposé par un adulte est un mauvais secret.
- Repérer les adultes de confiance : parents, enseignants, professionnels de santé… Les enfants doivent savoir à qui s’adresser en cas de problème.
- Être assuré.e d’être écouté.e : chaque enfant doit grandir avec la certitude que sa parole a de la valeur, qu’il sera cru et soutenu.
Ces apprentissages passent par l’école, la famille, mais aussi par des outils pédagogiques adaptés. Nos Petits Illustrés de l’intimité, par exemple, donnent aux enfants les bons mots pour parler de leur corps, comprendre le consentement et briser les tabous.
Repérer les signes : ce qui doit alerter les adultes
Tous les enfants victimes ne parlent pas. Souvent, leur corps ou leur comportement deviennent leurs seuls moyens d’expression. En tant qu’adultes, nous devons rester attentifs.

Parmi les signaux d’alerte :
- Les changements brusques de comportement : cela peut se manifester par des réactions excessives, de la colère, de l’anxiété, des troubles du sommeil (cauchemars répétés), des problèmes liés à l’alimentation, mais aussi un refus d’aller à l’école ou une réticence à certaines personnes ou lieux ;
- L’isolement : l’enfant ou l’ado ne cherche plus la compagnie de ses pairs, cesse leurs activités habituelles… ;
- Les signes physiques : comme des ecchymoses inexplicables, des douleurs, des blessures dans la région génitale ou des infections sexuellement transmissibles.
- Un comportement inapproprié : simulation d’actes sexuels avec des jouets ou d’autres enfants, des dessins ou un vocabulaire explicites, des connaissances sexuelles détaillées inadaptées à l’âge ;
- Un rapport au corps qui change brutalement : un enfant devenu soudainement sensible au toucher, qui a peur des contacts physiques, ou encore un enfants qui refuse de participer à des activités physiques en général.
Ces signes ne prouvent pas forcément qu’un enfant subit des violences sexuelles, mais ils doivent toujours éveiller notre vigilance et nous pousser à agir. En effet, il s’agit de repérer un ensemble de signes, pas seulement un signe isolé.
En cas de doute, rapprochez-vous d’une association spécialisée.
Le rôle crucial des adultes pour prévenir les violences sexuelles
La prévention et la détection ne suffisent pas si l’enfant n’est pas entendu. Écouter, croire et protéger doit être notre réflexe immédiat.
👉 Si un enfant révèle une violence sexuelle :
- restez calme, ne le jugez pas, remerciez-le d’avoir parlé ;
- assurez-lui qu’il n’est pas responsable et qu’il a bien fait de se confier ;
- alertez immédiatement les autorités compétentes ci-après :
👉 Si vous soupçonnez un enfant d’être en danger :
Vous avez l’obligation de le signaler. La non-dénonciation d’une situation de maltraitance dont on a connaissance peut être punie de 3 ans de prison et de 45 000 € d’amende.
- Services d’urgence : 112 (téléphone), 114 (SMS si impossibilité de parler).
- Enfance en danger : 119 ou www.allo119.gouv.fr
- Signalement auprès de l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) ou le CRIP (Cellule de recueil des informations préoccupantes) de votre département.
Des fiches pratiques à télécharger
Parce que la prévention et la réaction doivent être accessibles à tou.te.s, nous avons créé des fiches pratiques à télécharger gratuitement. Elles sont pensées pour être affichées dans les écoles, distribuées aux élèves, utilisées par les professionnel.le.s ou conservées par les familles.
Elles couvrent différents scénarios :
- Que faire si j’ai été victime ? (ado)
- Comment réagir si un ami a été victime ? (ado)
- Comment réagir si un enfant ou un adolescent me révèle être victime ? (adultes et pros)
Ces outils simples, concrets et directement utilisables permettront de diffuser les bons réflexes, là où ils peuvent sauver des vies.

Conclusion
Prévenir les violences sexuelles, c’est d’abord éduquer. Les repérer, c’est protéger. Agir, c’est sauver. Chaque enfant mérite de grandir en sécurité, dans le respect de son corps et de son intégrité. Et c’est à nous, adultes, de créer les conditions qui rendent cela possible.
Parce que chaque silence brisé est une vie protégée.